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Questiologie : note de non-lecture

TL;DR:

Utilisez le pouvoir du questionnement pour améliorer votre recherche d’emploi : remplacez les « pourquoi » par « pour quoi » pour orienter votre réflexion vers l’action. Appliquez les concepts de locus et de geste mental pour analyser votre situation sous différents angles. Posez-vous des questions constructives pour identifier vos défis et envisager des solutions. Préparez des questions pertinentes pour vos entretiens afin de démontrer votre intérêt et vous démarquer. Enfin, reconnectez-vous à vos motivations profondes et affrontez vos peurs pour avancer avec confiance vers vos objectifs professionnels.

Cet article est une note de non-lecture du livre de Frédéric Falisse “Questionnez mieux et gagnez en leadership”, que je n’ai pas lu . En effet, cet ouvrage, qui a suscité mon intérêt et qui n’est plus disponible à la vente à des prix raisonnables, devrait être réédité d’ici la fin de l’année 2024. En attendant, j’ai visionné des vidéos YouTube qui traitent du sujet, dont voici une synthèse qui servira autant aux conseillers emploi / insertion professionnelle qu’aux managers !

Si nous posons généralement des questions pour atteindre un objectif à travers la réponse, nous oublions souvent que la question encapsule, dans sa formulation, un moyen pour arriver à cette réponse. Il s’agit d’une quête, à la fois but et chemin. Les bonnes questions sont celles qui provoquent des “pas de côté”. Elles ne sont pas toujours faciles à trouver, ce qui laisse le temps de choisir la bonne question si l’on veut obtenir une bonne réponse. Albert Einstein ne disait-il pas que “s’il avait une heure pour résoudre un problème, il passerait 55 minutes à réfléchir au problème et 5 minutes à réfléchir aux solutions” ? Autrement dit, il peut être judicieux de passer beaucoup de temps à se poser la ou les bonnes questions pour trouver les réponses les plus pertinentes.

Le choix des mots pour poser une question est crucial. On utilise souvent « pourquoi » au lieu de « pour quoi ». Le premier entraîne des réponses en « parce que », qui poussent l’autre à se justifier ; le second favorise les réponses en « pour », qui permettent de mettre l’accent sur les raisons et les motivations.

On peut toujours utiliser “pourquoi”, à condition de proposer à l’autre de commencer sa réponse avec “pour”, et de continuer le questionnement avec des questions telles que “quel est l’objectif ?”, “pour quelle raison ?”, “qu’est-ce que vous auriez pu faire ?”, etc.

🔗 Lire Le pourquoi du comment en entretien d’accompagnement socio-professionnel

🔢 4 x 5 = 20 possibilités pour poser des questions

Alors, comment créer des questions qui entraînent des pas de côté ? En sortant l’autre de sa zone de confort ! Pour cela, on va combiner deux concepts : le locus et le geste mental.

🧭 Locus

On distingue quatre locus de “contrôle” de la réponse (le lieu d’où vient la réponse) :

  1. Observateur. Se concentre sur les faits objectifs. Exemple : « Qu’est-ce qui s’est passé lors de votre dernier entretien ? »
  2. Acteur. Centré sur les actions de la personne. Exemple : « Qu’avez-vous répondu aux questions du recruteur ? »
  3. Introspectif. Porte sur les ressentis et les émotions. Exemple : « Comment avez-vous vécu cet entretien ? »
  4. Méta. Encourage la conceptualisation et la modélisation. Exemple : « Quelle est votre vision d’un entretien réussi ? »

💭 Geste mental

Il existe cinq gestes mentaux qui impliquent chacun une manière différente de faire fonctionner nos réseaux de neurones et donc d’aller chercher des réponses originales :

  1. Observer les faits. Analyse objective des événements.
  2. Percevoir subjectivement. Ressentis et perceptions personnelles.
  3. Envisager les possibles. Projection vers l’avenir et les alternatives.
  4. Choisir une option. Prise de décision éclairée.
  5. Intégrer dans une perspective plus large. Vision globale et contextualisation.

🤔 Astuces de questionnement

Une question peut être pratique (à quelle heure avez-vous rendez-vous ?) ou aidante (comment faire pour vous préparer au mieux ?) pour permettre à l’autre de trouver des réponses qui font sens pour lui et qu’il n’a pas déjà. Il est important que le questionneur n’ait pas de réponses toutes faites, et qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêts (ne pas induire de réponse). En effet, il est important de poser des questions qui vont produire des réponses nouvelles : “pourquoi ça ne marche pas ?” est moins pertinent que “comment y arriver ?” ou “de quoi avez-vous besoin pour réussir ?”.

Commencez par définir votre quête (ce que vous voulez), évaluez la réponse sur 10, puis transformez successivement les réponses en nouvelles questions plus précises pour aboutir à un plan d’action. Il est préférable de privilégier le futur au conditionnel pour permettre la projection sans condition.

Exemples de questions imbriquées :

1. Définir votre quête :

Question initiale : quel est mon objectif principal dans ma recherche d’emploi ?
Réponse : je souhaite obtenir un poste de développeur web dans une entreprise innovante.

2. Évaluer la situation actuelle sur 10 :

Question : sur une échelle de 1 à 10, à quel point suis-je prêt à décrocher ce poste ?
Réponse : je me situe à 6 sur 10.

3. Transformer les réponses en nouvelles questions plus précises :

Question : qu’est-ce qui me manque pour atteindre 10 sur 10 dans ma préparation
Réponse : j’ai besoin d’améliorer mes compétences en JavaScript avancé et de renforcer mon réseau professionnel.

4. Développer un plan d’action détaillé :

Question : comment vais-je améliorer mes compétences en JavaScript avancé ?
Réponse : je vais suivre un cours en ligne spécialisé et travailler sur des projets personnels pour pratiquer.

Question : quand vais-je commencer ce cours et combien de temps va-t-il me prendre ?
Réponse : je débuterai le cours la semaine prochaine et je prévois de le terminer en deux mois.

Question : quelles actions vais-je entreprendre pour renforcer mon réseau professionnel ?
Réponse : je participerai à des meetups locaux et je me connecterai avec des professionnels sur LinkedIn.

5. Projection dans le futur en privilégiant le futur simple :

Question : quels résultats vais-je obtenir après avoir amélioré mes compétences et élargi mon réseau ?
Réponse : je serai plus confiant lors des entretiens et j’aurai accès à davantage d’opportunités d’emploi.

Question : comment vais-je utiliser ces résultats pour décrocher le poste souhaité ?
Réponse : je postulerai à des offres ciblées et je personnaliserai mes candidatures en fonction des compétences acquises.

6. Finaliser le plan d’action :

Question : quelles sont les étapes spécifiques que je suivrai au cours des trois prochains mois pour atteindre mon objectif ?
Réponse :
Mois 1 : commencer le cours en ligne et assister à un meetup professionnel.
Mois 2 : terminer le cours, développer un projet personnel et élargir mon réseau LinkedIn.
Mois 3 : postuler à des postes, préparer les entretiens et continuer à participer à des événements professionnels.

    7. Réévaluation périodique :

    Question : comment vais-je évaluer ma progression chaque semaine ?
    Réponse : je fixerai des objectifs hebdomadaires et je ferai le point chaque dimanche pour ajuster mon plan si nécessaire.

    🔥 Leadership et management

    Le temps où le le savoir était le pouvoir est révolu : il faut interroger différemment le savoir existant. Il est important de trouver les trois grandes questions à se poser quand on aborde un domaine nouveau. C’est d’autant plus vrai dans la recherche d’emploi. Abordez chaque entretien avec en réserve au moins trois questions pertinentes, sur l’entreprise, sur le service et sur le poste, par exemple.

    Les nouvelles générations ne veulent plus seulement suivre des instructions, elles veulent participer, ajouter leur plus-value pour avoir un impact sur la marche de l’entreprise. Cela peut impacter tous les métiers. Par exemple, le client qui achète une voiture peut déjà trouver toutes les informations dont il a besoin sur le web. Le concessionnaire doit trouver des questions auxquelles le client n’a pas encore trouvé de réponse.

    🌱 Ressourcer plutôt que rassurer

    Une formule comme “t’inquiète, ça va aller…” n’aide pas du tout, que la situation soit catastrophique ou non. Il est toujours possible d’envoyer des messages positifs de pleine confiance, mais avec des limites liées à la perception que l’autre a de lui-même : “vous allez y arriver” peut être plaisant à entendre, mais ne sert à rien si la personne n’a pas un bon sentiment d’efficacité personnelle.

    Ressourcer, c’est retourner aux sources, aux valeurs fondamentales. Voici quelques postures de questionnement permettant de ressourcer l’autre :

    ❓ Posture de curiosité (care)

    Être curieux de l’autre plutôt que chercher à le comprendre, pour éviter de cristalliser le problème. Chercher à comprendre l’autre est une perte de temps pour l’autre. L’important est de reconnaître la situation, le vécu de l’autre tel quel, sans chercher à l’intégrer dans votre propre vécu. Enfin, toutjours garder en tête que l’autre reste expert de sa situation.

      🎯 Objectif : élargir les situations problématiques de la personne à tout le monde au lieu de dire “moi aussi, je serais stressé dans votre situation”.

      🌧️ Questionner les difficultés

      • Qu’est-ce qui paraît difficile ?
      • Qu’est-ce qui semble compliqué ?
      • Qu’est-ce qui est 100 % bloqué ?
      • Quel est l’élément le plus irritant ?

      🎯 Objectif : permettre la comparaison et la généralisation (note : pas de “tu” ou de “vous” à ce stade, mais parler de perception globale pour prendre de la hauteur).

      🔮 Questionner l’avenir (tu-vous / futur)

      • Quelles difficultés devrez-vous surmonter ?
      • Quelle aide pourrez-vous mobiliser ?

      🎯 Objectif : sortir du moment présent problématique et se projeter positivement dans l’avenir.

      🌩️ Questionner les peurs de manière concrète au présent (surtout pas au futur ou au conditionnel)

      • Au pire, qu’est-ce qui peut arriver ?
      • Quelles sont les pires conséquences négatives ?

      🎯 Objectif : faire émerger des marges de manœuvre.

      💡 Astuces

      • Amener les questions confrontantes en posant à l’autre une question qu’on se pose à soi-même (”dans votre situation, je me demande si…”).
      • Parler de la situation après que le pire soit arrivé (”imaginons que la période d’essai n’a pas été concluante, que faites-vous ensuite ?”).
      • Ne pas avoir peur de la peur de l’autre.

      📝 Résumé en 7 points + 1

      1. Ne pas chercher à rassurer
      2. Ne pas chercher à comprendre
      3. Reconnaître la situation et le vécu
      4. Questionner les difficultés
      5. Questionner l’avenir
      6. Questionner les peurs
      7. Questionner l’après
      8. Ne pas avoir peur pour l’autre

      📦 A emporter !

      En définitive, l’approche du questionnement selon Frédéric Falisse va bien au-delà d’une simple technique d’entretien ou de dialogue. Elle incite à repenser notre rapport à la quête de réponses, à la manière dont nous interagissons avec les autres, en particulier dans des contextes professionnels et de leadership. Poser les bonnes questions permet non seulement d’accompagner l’autre dans sa réflexion, mais aussi de se repositionner soi-même en tant que que conseiller accompagnateur à l’écoute, curieux et capable de favoriser l’émergence de solutions inédites. Ce travail de questionnement devient ainsi un véritable levier pour favoriser la collaboration, l’innovation et la prise de décision éclairée.


      💧 Sources :

      Published inLe coin du CIPLes mots de l'entretienNotes de lecture

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