Last updated on 16 août 2023
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La phrase “sortez du lot mais restez dans le rang” pourrait résumer le grand écart apparent entre valoriser la singularité de votre candidature et l’adaptation nécessaire au poste et à l’entreprise. Grand écart apparent parce que – vous l’avez sans doute remarqué – la situation vécue lors de l’entretien de recrutement n’a rien à voir avec la réalité de la vie dans l’entreprise.
Généralement seul·e candidat·e pendant l’entretien, vous serez évalué·e sur votre singularité, tandis qu’une fois embauché·e, vous évoluerez dans un flux constant d’informations et d’échanges, tout en accomplissant les tâches pour lesquelles vous êtes rémunéré·e. C’est surtout cette capacité à adapter vos gestes professionnels aux situations que vous rencontrerez au quotidien, aux différentes personnes, etc. qu’il faudra mettre en avant pendant l’entretien.
On le voit bien, face à ce flux continu une fois en poste, la situation de l’entretien ressemble à un arrêt sur image, un instantané pendant lequel la personne en situation de recrutement a la possibilité de vous observer, comme en laboratoire. Elle ne peut qu’extrapoler votre comportement en situation de travail. Avec sa grille d’entretien, elle maitrise les variables de « l’expérience » et note vos réactions ou leur absence. Ce qui ne signifie pas que vous êtes sans pouvoir d’agir. En tant que candidat·e vous pouvez profiter vous aussi de cet arrêt sur image, surtout si vous vous êtes préparé·e avant.
L’alternative à l’entretien serait, par exemple, une mise en situation professionnelle sur le poste de travail ; on pourrait vous demander de faire vos preuves, là tout de suite. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe d’une certaine manière lors des séances de méthode de recrutement par simulation (MRS) ou lorsque la situation d’entretien contient des similitudes avec la réalité du poste.
📝 La feuille de route
Je vous propose aujourd’hui de réfléchir aux questions qui vous seront posées pendant le déroulement de l’entretien et aux situations que vous aurez à gérer une fois en poste. Concrêtement, cela passe par l’analyse de l’offre d’emploi, la comparaison avec la fiche métier correspondante pour faire apparaitre les spécificités éventuelles de ce poste par rapport à l’offre d’emploi pour laquelle vous postulez et par rapport à une annonce d’une autre entreprise pour un poste similaire.
Ceci fait, vous avez votre feuille de route pour l’entretien. Reste à concevoir un plan d’action. Votre feuille de route devrait contenir ce que vous avez compris du poste et comment il s’intègre dans l’organigramme de l’entreprise, de manière statique donc, mais surtout avec qui et comment le poste s’intègre dans le flux de l’entreprise (les autres services, les collègues, etc.). Là, il est temps de consulter la méthode QQOQCCP. S’il vous manque des éléments, notez-les : ils serviront de questions pour la fameuse question « avez-vous des questions ? ».
Cette notion de flux est présente dans l’esprit de la personne qui recrute. D’ailleurs elle ne pense qu’à ça quand elle vous regarde ou analyse vos réponses. Les candidat·es restent souvent concentré·es sur la relation de face à face. Celle-ci est souvent mal vécue, comme si il y avait une dissonnance résultant de l’écart entre la perception statique de la situation par les candidat·es et la vision “dynamique” de la personne en face (je laisse aux psychologues le soin d’approfondir cette question qui dépasse mes compétences).
🚀 Le plan d’action
Revenons à votre feuille de route sur laquelle vous avez noté ce que vous avez compris du poste, etc. et mettez les éléments sous forme de questions, puis préparez des réponses qui prennent en compte le flux d’activités dans lequel vous imaginez le poste. Vos réponses devront simplement expliquer ce que vous faites (comme un·e simple observateur·trice de vous-même), et pourquoi vous le faites (pour montrer que vous avez conscience des gestes professionnels que vous mettez en oeuvre).
🎯 La stratégie
Comme toute bonne stratégie, elle devrait être en tête de liste, mais dans le cas qui nous intéresse, ce n’est pas le cas. En l’occurence, la stratégie consiste à définir la manière dont vous allez imaginer les questions issues du plan d’action pour qu’elles s’accordent à la fois à la définition du poste, au poste-dans-le-flux et à votre expérience. L’idée n’est pas seulement d’anticiper les questions qu’on pourrait vous poser, mais d’être capable de les reformuler en fonction des réponses que vous pouvez apporter. Attention toutefois à ne pas être trop décalé·e par rapport aux questions effectivement posées, et à ne pas trop prendre le contrôle de l’entretien. A vous de doser en fonction du poste visé et de la relation qui s’est instaurée.
✅ En bref
Sortez du lot en montrant votre capacité singulière à occuper le poste et à trouver des solutions, mais restez dans le rang car c’est une manière de respecter le flux de l’entreprise. A compétences égales, c’est votre manière de rester dans le rang, en respectant le flux spécifique de ce poste particulier dans cette entreprise particulière, qui fera la différence entre vous et les autres candidat·es. C’est une manière indirecte de répondre à la question “pourquoi vous et pas un·e autre ?”. Car au final, la question que toutes les personnes qui recrutent se posent pendant et après l’entretien est “pourquoi iel et pas un·e autre ?
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